samedi 19 décembre 2009

Des kanji ? Pourquoi faire ?

Allez, une toute petite pensée pour les ceusses qui ne jurent que par les kanji et qui pensent qu'en connaître plein c'est forcément un signe que t'es bon en japonais.

Toi tu vas pas faire comme eux, et tu vas te hâter de mettre des mots qu'on n'écrit pas en kanji dans ton japonais. A l'oral comme à l'écrit : les giongo/gitaigo.

Tu te souviens des premières leçons, quand on faisait exprès de mettre des adjectifs partout pour s'entraîner ?
Ben là tu vas faire pareil avec les giongo/gitaigo. Tu vas aller (une page QUE en japonais ? ドキドキするわ!) et tu vas choper quelques giongo, tu vas lire leur sens grâce à Rikaichan, comprendre parfaitement leur utilisation grâce aux phrases d'exemple (しっかり読んでね!), et puis tu vas les utiliser, 1 par jour, à placer dans 3 phrases, ou 3 à placer dans une phrase chacun, tous les jours pendant toute une semaine (きちんとやってね、この野郎!).
Jud', Cora, Alex, Oldergod, c'est à vous que je pense, nous en France on n'a pas trop d'occasions, hein !

C'est comme ça que ton japonais scolaire va devenir du japonais que les Japonais comprennent à un niveau émotionnel.

Go ! Go ! Go !

samedi 28 novembre 2009

"Ah ouais, merde, on avait du keigo sur le feu..."

Bon, je vais être très honnête avec toi : Robert Patrick est débordé en ce moment et dès qu'il fait du japonais, c'est plutôt sur sa Nintendo DS. Et ouais, mec : JLPT dans une semaine.

Mais comme cette nuit j'ai quasiment pas dormi et que du coup je suis fracassé, je me dis : "tiens, est-ce que ce serait pas l'occasion idéale pour pondre un post où la passion aurait banni toute rigueur et après les mecs balanceront un million de commentaires pour me dire que je me suis trompé un peu partout ?".

Il faut vous dire que si certaines erreurs sont disséminées ça et là dans ma méthode, c'est un peu fait exprès. Pas "fait exprès", genre je mets des trucs faux pour le plaisir, hein, mais "fait exprès", genre je laisse des lacunes ou des approximations en espérant (j'aurais préféré écrire "en sachant"...) que ces approximations seront relevées par des élèves curieux qui auront fait des recherches parallèles. On peut toujours rêver. Ça fait partie des étapes importantes de l'assimilation, mais je t'oblige pas à me croire. Dis-toi juste que si un jour tu as le sentiment d'avoir mis le nez dans son caca à Robert Patrick sur un point de la langue japonaise, il y a également de fortes chances pour que ce point te soit acquis à titre définitif.

C'est pourquoi je me permets d'écrire ce post approximatif sur un point particulièrement sensible : l'usage du keigo et particulièrement les formes "donner /recevoir".

1) donner.

"donner" en forme "normalement polie", tu connais déjà : c'est 上げる si tu donnes à des êtres supérieurs ou égaux à toi (âge, profession, etc.), et やる/くれる si tu donnes à des êtres inférieurs (les plantes, les enfants, les animaux, etc.).
Je te conseille cependant l'usage de やる et non de くれる dans ce dernier cas. En effet, quand un Japonais utilise くれる lorsqu'il donne, on comprend qu'il y a une notion de condescendance.
Parce qu'il est Japonais.
Alors que toi qui n'es qu'un gaijin, tu passeras juste pour le mec qui n'a pas maîtrisé l'usage de 上げる/くれる et ton effet passera complètement à la trappe. C'est pas comme si l'humour japonais reposait sur le second degré, tu vois...

Pour donner en keigo, on utilise 差し上げる, ou alors on ajoute 上げる à tout ce qu'on dit, genre 申す⇒申し上げます.

En gros.

2) recevoir.

Là, plus simple, à partir du moment tu as décidé de keigoiser à mort, tu utilises 下さる (くださる) pour tout le monde.

3) usages.

C'est là que ça devient chaud-bouillant. En effet, on retrouve exactement les mêmes motifs d'auxiliaires 上げる/くれる en keigo que dans le niveau de langue que tu utilises déjà, sauf que, on a également des verbes qui ont changé.

J'imagine que là, comme ça, tu ne vois pas encore bien où je veux en venir. Alors on prend un exemple :

Si tu dis "mon oncle est passé nous voir et on était super contents", tu t'en sors facilement avec 叔父さんが来てくれました。
Bon.
Mais maintenant si c'est ton patron qui passe te voir pour te féliciter de ton mariage ?
Tu as effectivement l'embarras du choix :
- tu peux utiliser le keigo sur l'auxiliaire くれる qui devient 下さる
- tu peux utiliser le keigo sur le verbe "venir", qui donnera soit 来られた, soit いらっしゃった
- bien évidemment, tu peux cumuler les deux, oui mais comment ?!

Tu te retrouves donc avec les combinaisons suivantes :

- 社長が来て下さいました。
- 社長が来られてくれました。
- 社長が来られて下さいました。
- 社長がいらっしゃってくれました。
- 社長がいらっしゃって下さいました。
- 社長がいらっしゃった。

Ce sont les combinaisons possibles et je te conseille fortement de t'en référer à ta copine Japonaise, que tu as dû trouver depuis le temps que je t'y incite, pour établir un ranking (les Japonais adorent ça !) des phrases les plus probables dans cette situation.

Je ne te parle évidemment pas du fun impliquant la personne à qui tu t'adresses dans l'équation...

Autre cas sympathique : les formes en ~ている. Ben ouais, gros, いる ça fait bien いらっしゃる aussi, non ?
Donc "le patron est arrivé", ça nous donnerait :

- 社長がいらしゃっています。
- 社長が来られています。
- 社長が来ていらっしゃいます。
- 社長が来られていらっしゃいます。
- 社長がいらしゃっていらっしゃいます。 (WTF ?!!!)

Là encore, grosse marrade des Japonais en lisant ces phrases improbables, mais gros casse-tête pour toi en situation.

Je n'ai évidemment aucune idée de ce qu'on verra la prochaine fois.

jeudi 8 octobre 2009

le keigo : joindre l'utile à l'agréable (interlude).

Tiens, si tu veux joindre l'utile à l'agréable, check les OVA de Saint Seiya - The Lost Canvas, ça cause keigo dans tous les sens (les Saints qui s'écrasent comme des merdes devant Hades et Athena, qui le leur rendent bien) et puis on reconnaît Hirano Aya pour la voix d'Athena.

Qu'est-ce que tu veux de plus ?

vendredi 2 octobre 2009

Tu es une grosse merde : le keigo (part.2)

Aujourd'hui, on va apprendre à dire qu'on est une grosse merde avec le keigo d'humilité (謙譲語).

II. le keigo de base, les formes humbles.

a) les formes verbales de base.

Tu te souviens que pour les formes honorifiques, on avait お + verbe à la forme en い + になる.
Eh ben là, on aura お+ verbe à la forme en い + する, ou sa forme plus humble, à dire les yeux baissés : 致す.

Donc, par exemple :

M. Tanaka, vous rentrez déjà chez vous ? ⇒ 田中さんはもうお帰りになりますか。
S'il vous plaît ⇒ お願いします/お願いいたします。

b) les formes verbales particulières.

On ne va pas lister TOUTES les formes verbales particulières, juste les plus courantes :
- 行く / 来る ⇒ 参る
- 言う ⇒ 申す, ou 申し上げる
- いる ⇒ おる
- 思う / 知る ⇒ 存じる
- 食べる / 飲む / 貰う ⇒ 頂く
- 見る ⇒ 拝見する
- する ⇒ 致す

Voilà, avec ça tu peux déjà décrypter et comprendre 95% des utilisations du keigo d'humilité sous forme verbale, sachant que tous les garçons de café, les gens de l'hôtellerie, les taxis, etc. utilisent les formes en 致す (お預かり致します).

c) les noms, les adjectifs, un tas de trucs.

Pour les noms, je vais pas te faire une liste longue comme le bras, juste t'expliquer 2-3 trucs que tu dois savoir pour ton usage du japonais quotidien.

1) ta femme n'est pas une conne. Donc tu diras 妻, tout simplement, et pas 愚妻, comme ça se trouve dans certains manuels, tandis que tu utiliseras effectivement 奥さん pour la femme de ton interlocuteur.
2) les formes keigo des adjectifs sont limitées à quelques adjectifs d'usage courants, comme いい qui devient よろしい en forme honorifique. Tu peux oublier la règle des adjectifs en -あい et -おい qui font - おう, tandis que ceux en -いい et -うい font -うう, le tout agrémenté d'un ございます de bon aloi.
Ça, c'est le keigo que tu vas trouver dans les 時代劇 et le 大河ドラマ de l'année, mais pas dans ton quotidien, à l'exception des formes tellement galvaudées qu'on ne sait même plus que c'est du keigo et qu'on les utilise indépendamment du degré de politesse qu'on veut leur accorder, à savoir :
- お早うございます。
- 有難うございます。

Point-barre.

Dans ta vie de tous les jours, les gens ne te diront pas よろしゅうございますか, mais tout simplement よろしいでしょうか, à moins que ton environnement professionnel ce soit plus les geisha que les OL.

De même, certaines formes relevant du keigo ont un usage strictement limité et connoté :
les formes en -であります et les impératifs en -給う (-たまう), genre 「下がりたまえ」 sont réservées à l'usage militaire. Donc kiffe tes anime de Gundam, mais épargne-nous ces formes dans ton japonais quotidien.

La prochaine fois, on donne et on reçoit.

jeudi 24 septembre 2009

Orgasme en vue : le keigo (part.1)

Ça y est, kiffe ta vie, on va ENFIN apprendre le keigo (敬語).

Attention, hein, check le titre de ma méthode encore une fois : on est des gaijin. Donc je vais t'apprendre le keigo que tu dois connaître pour la compréhension. Pour ce qui est de l'utilisation et de la production de japonais, les Japonais eux-mêmes luttent, donc tu apprendras ça sur le terrain.

Tout d'abord, un mot sur ce qu'est le keigo. Si tu te sens courageux, tu peux checker le wikipedia japonais, qui est SUPER BIEN FAIT.

Le keigo, c'est l'ensemble des formes de politesse, c'est-à-dire des formes que l'on applique au langage dans son ensemble, soit pour faire preuve d'humilité quand on parle de soi (謙譲語), soit pour marquer le caractère honorifique de ce qui a trait à l'interlocuteur (尊敬語).
La forme polie que tu utilises depuis toujours (la forme en です/~ます) fait partie de ces applications, on l'appelle techniquement 丁寧語.

Mon point de vue de Robert Patrick sur le keigo, cependant, c'est que c'est de la merde, du 100% bullshit, et que même si je trouve ça charmant comme trait culturel (c'est-à-dire lorsque je le vois appliqué dans des productions culturelles japonaises), je sais très bien que dans la réalité, le keigo est la clef de la réification, et donc de la négation relationnelle.

T'ai-je déjà dit qu'au Japon, Robert Patrick est célébré exactement au même titre que Brad Pitt ?
Je te promets que ce n'est pas une blague : au Japon, Brad Pitt, sa femme Angelina Jolie et moi (et même Jean Reno !) avons droit exactement aux mêmes égards.

Je peux te le prouver quand je veux : place-nous Brad Pitt et moi à l'entrée de n'importe quelle banque japonaise, et à peine avons-nous franchi le seuil de la porte que nous voilà devenus le symbole même de l'égalité entre les hommes : Brad n'est plus un bel homme adulé par des millions de Japonaises hystériques, Angelina Jolie n'est plus ce laideron anorexique, même Jean Reno n'est plus la star française qui fait mouiller les obasan !!! Quant à moi, bien que simple Robert Patrick, je deviens l'égal des célébrités qu'ils sont.

En effet, entrer dans cette banque nous a dépossédé de nos attributs génétiques et sociaux : nous ne sommes plus ni hommes, ni femmes, ni beaux, ni moches, ni minces ni gros, ni célèbres, ni communs, nous sommes entrés dans le domaine de la non-humanité.

Nous sommes devenus, par la magie du keigo, 「お客様」.

Et le banquier s'adressera à Brad Pitt, à Jean Reno et à moi exactement dans les mêmes termes, alors que notre compte en banque n'est pas du tout rempli de la même façon !

C'est pour ça que je dézingue tous les Japonais qui s'adressent à moi en keigo dans une relation extra-professionnelle : ou bien je suis お客様 et j'accepte que tu me parles en keigo, ou bien on est en train de boire un verre ensemble et tu me parles pas comme un putain de banquier, parce que tu sais quoi ? Le banquier et moi on n'est justement PAS en train de boire un verre ensemble.

Ce que te disent tes profs : le keigo marque la politesse.
Ce que te révèle Robert Patrick : le keigo marque la distance.

Quand un employé te dit qu'il est désolé, il le dit pas parce qu'il est désolé, il le dit pour que tu lui foutes la paix, exactement comme quand la RATP te "prie de bien vouloir [l']excuser pour la gêne occasionnée".

Le keigo ça veut dire : "fais ta vie, gros, je m'en branle". Sache-le.

Maintenant que tu sais à quoi sert le keigo, je vais te donner les moyens de l'identifier, afin d'éviter les contre-sens et les traductions ineptes.

I. Le keigo de base, les formes honorifiques (= pourquoi la meuf elle dit des trucs que tu comprends pas) :

Par exemple, pourquoi une Japonaise que tu rencontres, elle voit ta gueule de Blanc et elle te dit "どこから来られましたか" ?

Hein ?!! C'est à moi qu'elle parle ? Qu'est-ce que ce passif fout là ?

Pourquoi quand tu téléphones à ta copine Japonaise en récitant super vite la phrase que tu as apprise par cœur pour zapper ses parents, sa mère elle te demande "どちら様ですか" ?

Quoi どちら ? Je vais nulle part, moi !

a) Le passif comme forme de politesse.

La forme régulière la plus naturelle pour le keigo honorifique, c'est l'utilisation du passif. Comme justement on utilise le passif dans des cas où on ne devrait normalement pas, c'est une marque de politesse, et ton cerveau doit faire tilt.

Si tu expliques à des personnes que tu ne connais pas bien que tu pars faire une ballade dans plusieurs coins du Japon, on te demandera "どこへ行かれますか". Ça veut dire "どこへ行きますか", en plus poli.

Ça, c'est le keigo facile, la politesse à peu de frais avec une forme que tu connais déjà, donc les gens aiment bien. Toi aussi, lâche-toi sur le passif de politesse avec tes interlocuteurs, pour leur faire comprendre que t'as pigé le délire.

b) les formes verbales de base.

Et ouais, en plus du passif, tu as une autre option : お+ forme en い + になる.

Exemples :
お待ちになりますか。Comptez-vous attendre ?
お出かけになりますか。Comptez-vous sortir ?

c) les formes verbales particulières.

On va faire super simple :

- いる et 来る deviennent いらっしゃる, mais FAIS GAFFE, conjugué il ne fait pas いらっしゃます, mais いらっしゃます.

C'est pour ça que quand tu entres dans un magasin, le mec dit "いらっっっっっっしゃいませぇぇぇぇ", ça veut dire : "ben entre, mec, fais comme chez toi" (même si t'es déjà entré).

Et là, le gros connard en toi qui m'attend au tournant, le genre qui essaie de prendre en défaut mon fameux théorème de Robert Patrick depuis 2 ans, il me dit : "Ah, t'as oublié que いらっしゃる ça veut dire 行く aussi ! Pwned !".

Mais en fait, non. J'ai pas du tout oublié, simplement ça s'utilise pas dans un contexte "normal", donc ça nous est COMPLÈTEMENT inutile. La proportion de 行く qui se transforme en いらっしゃる est tellement ridicule en comparaison de la forme 行かれる que ça ne mérite même pas d'être mentionné (omission purement rhétorique, tu auras remarqué. Et puis en ce moment j'écoute des trucs qui me filent des bollocks d'éléphant, donc pour la préservation de ton intégrité physique, je te conseille d'éviter désormais ce genre de réflexion...).

- ある devient ござる (⇒ございます, que tu connais déjà dans "ありがとうございます") et naturellement です devient でございます (です=である, n'est-ce pas ?).

- 言う devient おっしゃる (仰る) qui, tout pareil, fait 仰います.

- する devient なさる, qui fait également なさいます, mais on utilise également la forme passive される.

Et c'est tout.

Bien évidemment, il y a d'autres formes honorifiques pour ces verbes (genre おいでになる pour 行く et 来る), mais tu bosseras tout ça en heures sup' avec le lien wikipedia que je t'ai filé. Ce ne sont pas des formes suffisamment courantes pour que je les inclue dans une leçon adressée à un gaijin.
On fait dans le fondamental ; pour le reste, it's up to you.

d) les formes nominales et les adjectifs.

Devant un substantif, on place お, ou ご, tous les deux lectures du même kanji : 御.

Là encore, on va s'en tenir au système de base :
- avec une lecture kun (= kanji tout seul), tu mets お avant.
- avec une lecture ON (= composé), tu mets ご avant.

Exemple :
- 名前⇒お名前
- 住所⇒ご住所
- 忙しい⇒お忙しいですね
- 多忙⇒ご多忙ですね

("oui, mais alors pourquoi on écrit 御飯 et on prononce ご飯 alors que le kanji est tout seul ?")

Et c'est tout. (Et oui, je suis au courant que 御 a aussi une lecture み, par exemple dans 「ペピト御心」).

La prochaine fois, on verra les formes d'humilité, et la fois d'après on verra comment tout ça devient un beau bordel dès qu'on entre dans les interactions type donner/recevoir.

En attendant, tu peux commencer à choper tous ces ドラマ pleins de maid et de nobles, je sais que tu préfères largement les dessins animés pleins de robots géants qui se foutent sur la gueule, mais si tu veux bosser le keigo, c'est les maids et les nobles. Obligatoire.
Ou alors t'as les émissions de télé japonaises de la journée, ça marche aussi...

jeudi 17 septembre 2009

Insulter en japonais (part.2)

Bon, aujourd'hui on va continuer dans le japonais délicat, celui que tu n'emploieras pas avec des inconnus, ni avec ton boss ou tes collègues de travail.

Mais pour fumer ta copine ou ces CONNARDS qui se déconnectent au moment du "Game Over" dans Blazblue quand tu viens de leur mettre une branlée, tu peux.

Nous allons donc nous intéresser à deux expressions très proches : くせに et 分際で.

Mais auparavant, nous allons voir une forme qui permet d'accentuer l'impact de ces 2 expressions : よくも.

1) よくも.

よくも, c'est une forme que je kiffe, d'abord parce que sa construction est très simple : elle se place en début de phrase, point-barre. Elle est généralement utilisée par les méchants charismatiques, et exprime soit l'indignation (cas le plus courant) soit la surprise, mais la mauvaise surprise.
C'est une expression très difficile à traduire telle quelle, mais qui tient à la fois du "comment oses-tu... ?" et du "tu as bien du culot de...".
C'est pourquoi on la trouve très souvent associée à une forme en ~てくれた qui a ici une valeur 100% ironique, et d'un な final de bon aloi (=réflexion faite à moitié pour soi-même).

Je te donne quelques exemples :

- よくも愚弄してくれたな!: Tu t'es bien foutu de notre gueule !
- よくもパパを!よくも村のみんなを! : Comment as-tu osé (tuer) mon père et les gens du village ?!
- 俺の家族を!俺の故郷を!よくもやってくれたな! : Ma famille ! Mon village natal ! Comment as-tu pu ?!
- よくも生きてくれたな。 Tu as bien du culot de t'en être sorti !

Comme tu le vois, la traduction en français ne peut rendre toute la subtilité de cette expression géniale.

2) くせに (癖に)

Je te le mets en kanji pour la forme, parce que くせ s'utilise aussi tout seul (mais il n'a pas le même sens du tout), mais dans l'expression くせに on utilise généralement des hiragana.

a) construction.

くせ étant un substantif, il s'utilise comme tel : の après un substantif et directement après un verbe.

b) emploi.

Fais bien attention : くせに s'emploie pour exprimer le fait qu'on a des attentes vis-à-vis d'une personne de par son statut ou ses actions passées, et que cette personne trahit ces attentes.

Par exemples, tu attendrais d'un policier ou d'un juge qu'il ait un sens du devoir, de la morale, qui place ses actions au-dessus de tout soupçon. Si cette personne se conduit comme un "ripou", tu seras en droit de déclarer que "pour un policier / alors qu'il est policier" il t'a bien déçu.

Exemples :

- そんなこと言えるの?!浮気したくせに! Comment peux-tu te sentir le droit de me dire une chose pareille, après m'avoir trompée ?!
- よくも戻ってきたな!逃げやがったくせに! T'en as du culot de refoutre les pieds ici, après t'être barré comme un voleur !
- パンツ泥棒なんて、許せないわ!警官のくせに!Vous n'avez pas honte de voler des sous-vêtements ?! Vous, un flic !!

Voilà voilà. Passons maintenant à 分際で :

3) 分際で (ou plus correctement : の分際で)

Comme te le dira Rikaichan, 分際, c'est le statut social. Le principe de 分際で, c'est donc de prendre le statut social de ton interlocuteur et d'en faire un argument ad hominem, c'est-à-dire que le statut social de ton interlocuteur est une raison suffisante pour qu'il ferme sa gueule.
Est-ce que tu sens déjà l'expression qui bute ?

a) construction.

construction de substantif MAIS ne s'utilise qu'après des substantifs, contrairement à くせに qui peut se placer après un verbe. Donc "の分際で".

b) emploi.

Ce qui est particulièrement génial avec の分際で, c'est que tu peux l'utiliser après un statut social réel (ex : tu n'es qu'une femme DONC tu fermes ta gueule et tu restes à la cuisine), mais également après un statut social que TU peux définir.

Par exemple, tu peux insulter ton interlocuteur ET définir cette insulte comme son statut social à partir duquel tu le discréditeras.

Dans l'image suivante, par exemple, Demitri ajoute à 魔界獣 (démon, créature de l'enfer) le déterminant 下級 qui veut dire "sous-", que tu pourrais aussi employer dans l'expression 下級人間 ("sous-homme"), mais je te le conseille pas (ça m'arrive quand je suis très très en colère vis-à-vis de personnes qui se comportent très très mal...). Au statut officiel de la créature (démon) on substitue une insulte "démon de basse fosse" sur laquelle on s'appuie pour l'usage de の分際で.

C'est également le cas dans Blazblue, lorsque Jin Kisaragi perd un match et dit 「障害の分際で!」 en s'adressant à son adversaire. Tiens, va faire un tour ici pour l'entendre gueuler toutes ses insultes (si t'as de la famille Japonaise dans le coin, mets le son à donf'). Et puis comme ça tu apprendras aussi l'usage de "ごとき" qui est l'équivalent de のような, mais avec une nuance de dépréciation et de mépris.

Bien entendu, tu auras remarqué que l'on reprend souvent les enfants en disant 「子供のくせに」 alors qu'on devrait techniquement dire 「子供の分際で」.
Si on ne le fait pas, il y a une raison : くせに est moins agressif, moins dépréciatif. の分際で n'est vraiment utilisé que dans des phrases très agressives et méprisantes.

Amuse-toi bien (mais pas trop, hein !)

lundi 7 septembre 2009

Robert Patrick s'associe à Tim Ferris pour te mettre KO !

Si tu pleurais déjà en te disant que j'étais hardcore dans mon approche de l'enseignement, dis-toi que j'ai trouvé encore plus fort.
J'en suis limite à regretter toutes ces pages écrites, quand je sais que Tim Ferris t'aurait donné le même niveau avec un blog de 10 pages maximum.

Je te propose donc d'affronter une tag-team Robert Patrick/Tim Ferris : tu restes avec moi si tu es viscéralement réfractaire à l'anglais, mais si tu es complètement fluent, je t'impose la lecture immédiate des liens suivants, qui vont d'ailleurs rejoindre le côté droit de ma page dans les meilleurs délais :

- Comment apprendre (les bases de) n'importe quelle langue en 1 heure.
- Comment apprendre n'importe quelle langue en 3 mois.
- Pourquoi les classes de langues, ça marche pas.
- Comment se remettre à niveau dans n'importe quelle langue.

Tim est spécialisé dans l'apprentissage de la langue japonaise, notamment des mécanismes neurologiques afférents, tu trouveras donc des exemples qui te parleront intimement, même s'il aborde l'apprentissage et la pratique d'autres langues.

dimanche 6 septembre 2009

Connected

Pour reprendre en douceur, voici ta liste de vocabulaire du mois de septembre, à base de verbes composés :

Hamasaki Ayumi - Connected
+ Rikaichan.

Et le fichier son pour te motiver.

vendredi 17 juillet 2009

Robert Patrick répond aux questions que tu ne te poses pas (c'est une habitude).

Alors aujourd'hui, je vais trancher la fameuse question que tu ne te poses pas, alors que tu devrais : c'est quoi la différence entre せめて et 少なくとも ?

Ton souci à les distinguer vient du fait qu'ils se traduisent généralement tous les deux par "au moins". Nous allons voir immédiatement que cette traduction est un abus de langage et qu'une rapide analyse te permettra désormais de savoir utiliser l'un et l'autre à bon escient :

せめて se traduit effectivement par "au moins" et indique un seuil minimum comme condition.
Par exemple, quand tu dis "mange au moins ta viande" ; il y a un tas de trucs dans l'assiette, on peut comprendre que tu n'aimes pas tout mais le minimum qu'on te demande, c'est de manger ta viande.
On établit donc le fait de manger la viande comme condition minimum pour obtenir un résultat satisfaisant (= si tu manges ta viande, on te forcera pas à manger le reste).

Ça, c'est l'utilisation de せめて.

Exemples :
Attends au moins que l'émission soit finie. せめて番組が終わってるまで待っていて下さいね。
Dis-lui au moins que tu es désolé. せめてご免なさいぐらい言ってあげてね。

Bon.

Maintenant 少なくとも, on pourrait le traduire par "tout du moins", ou "en tout cas". La différence avec せめて qui pose une condition minimum à la réalisation d'un état satisfaisant, c'est que 少なくとも établit au contraire un bilan, on compte (virtuellement) ce qu'on a perdu et on se réjouit de ce qui reste.

La première conséquence de cet état de fait, c'est que tu vois déjà que せめて s'utilise principalement pour des actions non-accomplies (te casse pas le cul à blinder mes commentaires d'exemples contraires, ce qui m'intéresse c'est que tu maîtrises l'usage de chaque expression, pas que tu viennes me trouver l'exemple qui règle ton Œdipe), tandis que 少なくとも s'appliquera plutôt à des actions déjà accomplies.
Pour t'éviter de comprendre de travers ce que je viens de dire, je te rappelle qu'une action peut très bien être accomplie mais ne pas prendre place dans la réalité, ou être réalisée.
Par exemple, quand tu dis "c'est toujours ça que les Boches auront pas", tu réalises bien que de toute façon les Boches avaient pas l'intention de venir, hein.

Donc si par exemple tu t'avances pour un devoir et que tu dis "c'est toujours ça que j'aurai pas à faire", on est bien dans une action qui n'aura pas lieu d'être (tu n'auras pas à la faire)... Mais précisément parce que tu l'as déjà faite !

Donc 少なくとも, c'est l'expression qui consiste à dire "en tout cas/ au moins, ça on l'a pas perdu".

Exemple :

Au moins, le tremblement de terre a été moins violent que prévu. 少なくとも、地震は予定程強くなかった。
Au moins, j'ai eu mon bac. 少なくとも、バカロレアに受かりました。

T'as pigé ? Non ? Ah oui, je sais bien, tu tiques sur cette dernière phrase d'exemple, parce que pour toi "avoir son bac" constitue bien une condition minimum.

Bon.

Ben en fait, non. Quand tu dis "au moins j'ai eu mon bac", ça sous-entend bien que tu n'as pas eu plus. A la différence d'une phrase comme "continue au moins jusqu'au bac", qui là se traduira bien せめてバカロレアまで頑張って下さい。
D'ailleurs c'est bien simple : "au moins, j'ai eu mon bac", tu ne peux pas sortir ça en-dehors de tout contexte, c'est une réponse, une contestation à un bilan qui t'accable.

Bon, comme d'hab', tu me fais 2 heures de Goggle avec les deux expressions et tu te demanderas même comment tu as pu un jour les confondre.

dimanche 5 juillet 2009

~ば, ~たら et なら (part.4)

Bon, comme promis, on va boucler le cycle avec と et tu vas voir, ça va pas prendre longtemps.

1) construction.

En effet, と se place après une forme neutre au non-accompli dans [énoncé 1], donc si l'événement est au passé, cela sera marqué par [énoncé2].

Exemple :
家に着くと、母が既に帰っていた。 Quand je suis arrivé chez moi, ma mère était déjà rentrée.

2) emploi.

Alors là, c'est encore plus simple que tout ce qu'on a vu jusqu'à présent, car avec と tu ne PEUX PAS exprimer une action volontaire, un ordre, une requête ou un conseil en [énoncé2].
Bref, tu peux juste faire le gars surpris qu'un truc se passe (pour tout le reste, il y a Eurocard Maste... Euh, il y a ~たら).

Voilà, tu sais tout.
Ouais, je sais, j'avais dit qu'on referait un tour d'horizon, mais finalement j'ai décidé que ce serait mieux si c'était toi qui bossais.

Et, le croiras-tu, j'ai aucune foutue idée du prochain truc qu'on va voir ;-D.

vendredi 3 juillet 2009

Robert Patrick te file des trucs et astuces...

Bon, toi je sais pas, mais moi, quand des fois les gens me posent une question avec une phrase tirée du blog, je vais évidemment pas me farcir un CTRL+F dans CHAQUE article.
Donc je veux afficher TOUS les articles sur une seule page.

Comme j'imagine que le fait d'afficher tous les articles sur une seule page peut aussi te servir (pour des raisons qui ne regardent que toi), je t'explique comment on fait sous Blogger :

L'URL du site est http://rpjaponais.blogspot.com
Pour afficher tous les articles, il faut ajouter à la fin /search/max-results=200 (en fait tu mets le nombre que tu veux, moi je mets 200, même si le blog en est à moins de 100 articles pour l'instant).

Donc ça fait ça : http://rpjaponais.blogspot.com/search/max-results=200

Qu'est-ce qu'on dit ?

mercredi 1 juillet 2009

L'expression du jour : よりによって

Ne t'inquiète pas, on va boucler notre chapitre sur ~ば, たら et なら avec と avant la fin de la semaine, mais comme il fait super chaud et que tu crèves d'envie de te détendre un peu, on va voir aujourd'hui une expression bien sympathique : よりによって.

1) construction.

Y en a pas. Sérieux. Ne cherche pas à comprendre d'où ça vient, comment c'est construit exactement ou quoi, c'est une expression qui s'utilise telle quelle, indépendamment de ce que tu mets avant ou après.

2) emploi.

よりによって, ça sert à exprimer ta contrariété que, de toutes les possibilités existantes, c'est précisément celle qui t'arrange le moins qui a été choisie.
Ça s'applique évidemment à TOUTES les catégories de possibilités : pourquoi, précisément le jour où tu as un entretien d'embauche il y a une grève des transports ; pourquoi, de tous les mecs de la fac, la fille la plus extra a choisi le plus gros connard ; pourquoi, de tous les sujets possibles qui pouvaient tomber à l'examen, c'est précisément celui que tu connais le moins qui tombe.

Attention : よりによって ne sert pas tant à exprimer la Loi de Murphy que ta frustration. Tu l'utiliseras donc de préférence lorsque le tour désavantageux des circonstances te touche personnellement.

Mais que serait une leçon de Robert Patrick sans un bon gros exemple des familles qui te permet de retenir en contexte ?

Nous serons aujourd'hui aidés par de prestigieux invités :
- le duo comique アンガールズ, promoteur de la mode kimokawaii ("adorable de laideur").
- la jeune Minami Akina, グラビアアイドル de son état.

Tous les trois participent à l'émission Hexagon II Quiz Parade et Tanaka a un gros faible unilatéral pour Akina.
Lorsqu'elle le choisit pour être le gars qui va potentiellement se faire tremper la gueule, Tanaka essaie de lui faire comprendre qu'elle a désormais une dette envers lui :


Mais Akina, son type de mec, c'est plutôt les gars qui ont de longs cheveux soyeux, comme... Yamane, le partenaire de Tanaka :


Et même, elle le trouve trop sympatoche et cool, tellement qu'elle serait prête à sortir avec (*cri de surprise horrifiée des autres participants*) :


C'en est trop pour Tanaka ! De tous les mecs du monde, pourquoi son propre partenaire ?! Mais pourquoi LUI, bordel de merde ?!! :


Toi aussi, si la nana que tu kiffes décidait de préférer ton meilleur pote, tu l'aurais mauvaise, non ?

Maintenant que tu sais tout sur よりによって, à toi de faire le beau gosse avec.

jeudi 25 juin 2009

~ば, ~たら et なら (part.3)

Nous voici enfin à ~たら.

1) construction.

~たら se construit sur la forme accomplie (~た), à laquelle tu ajoutes ら.

Ex :
新しい⇒新しかったら
出来る⇒出来たら

etc.

2) emploi.

On peut employer ~たら soit pour exprimer une succession d'événements réalisés, soit pour exprimer une hypothèse, mais dans tous les cas, la formule mathématique de ~たら, c'est : si [énoncé 1] est accompli, alors [énoncé 2].

Posons-nous un instant pour comparer cette structure avec les deux précédentes :
- nous avons vu que dans le cas de ~ば, [énoncé 1] pouvait rester une hypothèse
- nous avons vu que dans le cas de なら, [énoncé 1] devait être vérifié.
- avec ~たら, [énoncé 1] doit être accompli.

Tu vas me dire : "ouais, mais c'est quoi la différence entre énoncé vérifié et énoncé accompli ?".

Ben tout simplement la temporalité : un énoncé peut être vrai sans être déjà accompli.

Je te donne un exemple :

田中さんが来るのなら、すぐに帰ります。
田中さんが来たら、すぐに帰ります。

C'est quoi, à ton avis, la différence fondamentale entre ces 2 énoncés ?

Dans le premier (ouais, tu m'en veux pas, je te donne la réponse), s'il s'avère vrai que Tanaka va venir, alors je me casse tout de suite. Il est pas encore là, mais puisqu'on me dit qu'il va venir, je m'en vais sans l'attendre (= je veux pas voir sa gueule). La conséquence [énoncé 2] n'a pas besoin d'attendre la réalisation de [énoncé 1] pour être valide, à partir du moment où [énoncé 1] est vrai.

Alors que dans la deuxième phrase, tu traduiras : "dès que Tanaka sera là, je m'en vais". Tu ne t'en vas pas simplement dans le cas où [énoncé 1] est vérifié, tu dois attendre qu'il soit accompli.

Donc dans la première phrase, tu t'en vas "tout de suite", tandis que dans la deuxième tu t'en iras "dès que".

On continue.
Comme la réalisation de [énoncé 1] doit précéder [énoncé 2], on ne peut donc pas utiliser ~たら pour la phrase suivante :

*日本へ行ったら、飛行機で行きます。 *Lorsque je vais au Japon, j'y vais en avion.
En effet, tu as pris l'avion avant d'arriver au Japon, donc [énoncé 1] ne précède pas [énoncé 2].

Dans ce cas, on utilisera とき.

Même chose dans le cas d'un conseil du type : *パリに行ったら、電車で行ってください。*Si tu vas à Paris, vas-y en train.
Puisque [énoncé1] est vérifié mais pas accompli, on utilisera なら : パリに行くのなら、電車で行ってください。

~たら, tu dois déjà le savoir, peut signifier "si" (hypothèse) ou "quand" (temporalité). La question qui te préoccupe est donc : "mais comment on sait quand ça veut dire l'un ou l'autre ?". Forcément.

La réponse est on ne peut plus simple (les Japonais ont pas plus envie que toi de rester dans le flou) : si [énoncé 1] est sûr, ça veut dire "quand". Sinon ça veut dire "si".

Je te donne un exemple :

夜になったら、寒くなるよ。Il va se mettre à faire froid lorsque la nuit sera tombée.
Le fait que la nuit tombe est – pour l'instant – inéluctable. On a donc ici affaire à un ~たら de temporalité.

暇があったら、遊びに来て下さい。
Là, on est un peu dans le flou, cette phrase pouvant vouloir dire :
- passe me voir quand tu auras le temps
- passe me voir si tu as le temps.

Dans le doute, je pencherais plutôt pour la temporalité, mais si je voulais qu'il n'y ait pas de doute, justement, j'utiliserais もし ("si jamais") ⇒もし暇があったら、遊びに来て下さい。, et dans ce cas-là, on serait sûr du sens de la phrase : "si jamais tu avais du temps, passe me voir".

Tu penseras à faire un peu gaffe avec もし, le kanji c'est 若し, que mon ami Tarô avait traduit par "jeune" (en partiel !), puisque c'est le même kanji que 若い (et qu'en plus, en japonais classique, ça marche...).
Donc si tu vois un 若し, c'est もし ! (dans 99,9% des cas).

Comme on vient de le voir, à partir du moment où [énoncé 1] est accompli avant [énoncé 2], ~たら peut servir à exprimer un ordre, une suggestion, une demande ou une action volontaire, ainsi que des événements non-réalisés (du moment qu'on conserve leur réalisation hypothétique comme condition préalable à [énoncé 2]). Euh, tu veux un exemple ?

あの時はお金があったら、あのギターを買っただろう。Si j'avais eu de l'argent à ce moment-là, j'aurais acheté cette guitare. (oui, si tu fais psycho, tu m'as percé à jour : en ce moment j'ai envie d'une nouvelle guitare). Dans la réalité tout cela n'est pas arrivé, mais on a bien la structure [énoncé 1] accompli⇒[énoncé 2].

Par ailleurs, s'il s'agit d'événements passés réalisés, l'agent de l'action de [énoncé 1] ne peut pas entreprendre une action volontaire dans [énoncé 2]. Donc il peut décider de la première action, mais pas de la deuxième. Pour reprendre une phrase d'exemple de la dernière fois :

昨日、パリへ行ったら、偶然に友達と会いました。 En allant à Paris, je suis tombé sur un ami.

On n'a pas fait le déplacement dans le but de le voir.

Voilà en gros pour ~たら.

La prochaine fois on verra と, qui entre dans la même catégorie, et on fera un récapitulatif, avec des phrases où l'on peut utiliser certaines formules et pas d'autres.

mardi 23 juin 2009

~ば, ~たら et なら (part.2)

Bon, aujourd'hui on va voir ~ば. Il me semble que je t'ai déjà expliqué comment construire avec ~ば, donc on va s'attacher aux conditions d'utilisation.

1) A quoi ça sert ?

A exprimer une hypothèse qui sert de condition à la réalisation de l'énoncé suivant. Mathématiquement : si [énoncé 1] alors [énoncé 2].

Tu vas me dire : "ah ben comme なら, alors !". Non : ici l'énoncé 1 n'a pas besoin d'être vérifié, il peut rester au stade d'hypothèse.

Je te donne un exemple :

Si demain il fait beau, j'irai faire un tennis ⇒ 明日、天気が良ければ、テニスをやりに行きます。
Peut-être que demain il fera beau, peut-être pas, donc pure hypothèse.

En revanche :

Si effectivement demain il fait beau (comme tu me le dis), j'irai faire un tennis ⇒ 明日、天気がいいのなら、テニスをやりに行きます。

Tu piges ? La première phrase ne se base sur rien d'autre que le désir d'aller faire du tennis, à la seule condition qu'il fasse beau, tandis que la deuxième se base sur une information donnée (= demain il fera beau, ou plus japoniquement "il devrait faire beau", 天気が晴れるでしょう) et si cette information est vérifiée, alors on ira faire un tennis.

Comme dit l'expression populaire : "avec des ~ば, on pourrait mettre Tôkyô en bouteille".

2) emploi.

a) volonté.
On peut très bien exprimer une action volitive avec ~ば, c'est ce que nous venons de faire. Je te donne un autre exemple, hypothèse au passé :
あのギターが安ければ、買っただろう。 Si cette guitare avait été bon marché, je l'aurais achetée.

b) L'énoncé 2 peut exprimer un ordre, une suggestion ou une demande, auquel cas l'énoncé 1 ne peut pas être une action.

Donc on peut dire : 暇があれば、手伝ってください。 Si tu as du temps libre, donne-moi un coup de main.

MAIS

*宿題を書けば、一緒にやりましょう。*si tu fais tes devoirs, faisons-les ensemble.
Ici, l'emploi de ~ば est incorrect.
Dans ce cas, on utilisera なら :
宿題を書くのなら、一緒にやりましょう。 si tu fais tes devoirs, faisons-les ensemble.

c) ~ば permet d'exprimer indifféremment des faits réalisés ou non, mais au passé il ne peut exprimer que des faits non-réalisés ou habituels dans l'énoncé 1 :

もっと優しくしてあげれば、捨てられなかっただろう。Elle ne m'aurait sans doute pas largué si j'avais été plus gentil. (fait non réalisé = être gentil)

子供の頃、母が傍にいれば、何も怖くなかった。 Lorsque j'étais petit, je n'avais peur de rien si ma mère était à côté de moi.

En revanche, ~ば ne peut pas exprimer un événement réalisé au passé dans l'énoncé 1, même si cet événement constitue une condition à l'énoncé 2 :

*昨日、パリへ行けば、久しぶりに友達と会いました。*En allant à Paris hier, j'ai rencontré un ami que je n'avais pas vu depuis longtemps.
*二年前、大学でフランス語を勉強すれば、ちゃんとフランス語の学士を得ました。*En étudiant le français à l'université il y a 2 ans, j'ai pu obtenir mon diplôme de français.

Pour ces faits réalisés dans le passé, on utilisera ~たら, puisque comme je te l'ai dégrossi dans mon premier chapitre sur le sujet, ~たら s'occupe d'actions réalisées (d'où la forme accomplie).

Bon, on a fait un peu le tour, pour un gaijin ça devrait faire la blague...

Demain, ~たら !

jeudi 4 juin 2009

~ば、~たら et なら. (part.1)

Il paraît qu'il y en a qui ont du mal avec ces trois-là.
Probablement parce qu'on les classe tous les trois dans la catégorie "sert à exprimer une hypothèse".

Mouaif.

Je vais te donner un truc tout simple pour t'aider dans ta production de japonais ; grosso-modo (très), ça se passe comme ça :
- なら s'appuie sur une information vérifiée.
- たら s'appuie sur une action réalisée (même hypothétiquement).
- ば s'appuie sur une hypothèse.

On va voir tout ça en détail.

1) なら

Pourquoi on commence par lui ? Ben parce qu'il ressemble pas aux deux autres et que c'est celui qui se maîtrise le plus facilement, de par ses contraintes d'utilisation (plus il y a de contraintes, plus t'es sûr de pas te planter).

1) construction.

なら=だ, il se place donc directement après un nom ou un adjectif en -な (形容動詞) et demande の après un verbe ou un adjectif verbal (形容詞, ce que tu appelles fort improprement un "adjectif en -い"), même si, dans la langue courante, on a tendance à zapper ce の de nominalisation.
Personnellement, je mets toujours le の, c'est grave plus classe.

2) emploi.

Le sens de なら, c'est moins une hypothèse qu'une condition mathématique : "si [énoncé 1] est vrai, alors...". De ce fait, tu ne peux utiliser なら qu'après avoir obtenu l'énoncé 1 et l'avoir posé comme vrai. Tu ne peux donc pas construire de proposition avec なら à partir d'un contexte nul. C'est LA contrainte qui fait que tu ne vas jamais le confondre avec les 2 autres.

Par exemple, tu peux très bien balancer à brûle-pourpoint : ああ、彼氏がいればいいな~。 "Ah, j'aimerais bien avoir un mec".

Tu n'as besoin d'aucune information préalable pour exprimer ce souhait.

En revanche, si tu dis, en parlant d'une soirée :
太郎が来るのなら、私は行かない。Si Tarô y va, je n'irai pas.

Tu vois bien que ta première proposition ne relève pas de l'hypothèse mais de la condition.
Est-ce que Tarô ira ou pas, on n'en sait encore rien, mais s'il s'avérait qu'il venait (donc si la condition 1 était réalisée) alors on aurait comme conséquence la proposition 2 : tu n'iras pas.

Cette condition peut être exprimée hors de toute information, en cela elle constitue bien une hypothèse (je sais pas si Tarô viendra, mais au cas où...), ou bien elle peut être la réponse à une information (je sais que Tarô vient et j'en déduis donc mon action).

Dans le même genre, on a des propositions de style :
あいつなら、きっと出来るよ。 Avec lui, pas de problème.
Ici tout est dans le contexte : あいつ fait référence à quelqu'un que l'on connaît, donc à une information qui a été donnée. Impossible de balancer cette phrase hors contexte. Pareil pour le 出来る qui renvoie à une action que l'on connaît forcément. A partir de là, les traductions les plus elliptiques sont possibles, comme celle que j'ai donnée, ou encore "fais-lui confiance". Ça ne ressemble pas mot pour mot à ce qui est dit en japonais, mais c'est pourtant ce qu'il y a de plus proche de ce qui est exprimé.

Maintenant que tu as compris que なら exprimait une condition et non une hypothèse, tu comprends que les phrases suivantes ne peuvent pas être construites avec なら :

*je rentrerai chez moi à 21h. *夜の9時なら帰ります。
*quand je suis au Japon je me déplace en train. *日本にいるのなら、電車で移動します。

Demain on verra ~ば, et on le comparera directement à なら. Après-demain on verra
~たら et on le comparera aux deux autres, comme ça tu auras une vision totale et tu ne confondras plus jamais les 3 (j'avoue, tu aurais déjà dû avoir les 3 aujourd'hui, mais en ce moment je suis dans CLANNAD ~After Story, donc fatalement j'ai passé un peu de temps sur ça).

mercredi 3 juin 2009

actions réciproques.

Je prépare un gros pavé sur ~たら、~ば et なら, mais en attendant on va parler des actions réciproques, ce qui va nous faire une leçon bien courte et rapidement assimilable.

1) construction.

Tu prends ton verbe à la forme en -い et tu rajoutes le suffixe あう (合う). Tu peux utiliser le kanji, ou pas. J'ai le sentiment qu'on le trouve plus souvent en kanji à la forme non-accomplie et plus souvent en hiragana en forme accomplie. 気のせい?

Exemple :

Yukiko a frappé Megumi : 雪子は愛を殴った。 (Rikaichan te donne des lectures de ouf pour 愛 en prénom, mais pas "Megumi", LOL!)

Yukiko et Megumi se sont foutues sur la gueule : 雪子と愛は殴りあった。

2) emploi.

Là, il va falloir faire un peu plus attention et ne pas transposer systématiquement des actions réciproques du français au japonais. Va pas nous mettre du ~合う dès que tu fais un truc avec quelqu'un, comme "parler" ou "discuter", par exemple.
~合う sert à insister sur une équivalence dans la réciprocité de l'action.

Par exemple, si tu veux insister sur le fait que 2 personnes s'aiment avec la même ferveur de chaque côté : 愛し合う
Que 2 personnes se mettent des pains sans qu'il y ait réellement de vaiqueur ni de vaincu : 殴りあう
Que 2 personnes se sont entretuées (cas typique de l'utilisation de ~合う) : 殺し合う
Que 2 personnes se toisent : 睨み合う

Voilà voilà.

jeudi 7 mai 2009

La succession d'événements.

Aujourd'hui, nous allons voir les formes les plus couramment utilisées pour exprimer que 2 événements se succèdent. Bien entendu, un certain nombre de conditions permettent de déterminer quelle forme utiliser et c'est bien pour cela que nous étudions ces formes dans un même chapitre.

Nous aborderons donc aujourd'hui les formes ~てから, あとで, しだい et とたんに.

1) la forme en ~てから.

a) construction.

Ben c'est super simple : tu prends une forme en ~て et tu ajoutes から.

b) emploi.

La forme en ~てから s'emploie pour signifier qu'une action a lieu à la suite d'une autre. Note bien que c'est la même personne qui fait les deux actions. La forme en ~てから fait référence au temps qui commence après la première action.

Exemples :
- 帰ってから、宿題をすぐに やってくださいね。 Fais tes devoirs juste après être rentré, hein.
- フランスに帰ってから、何年になりますか。Ça va faire combien de temps que vous êtes rentrés en France ?
- 犬がいなかったのは、帰ってから気づいたんだ。C'est après être rentré que je me suis aperçu de l'absence du chien.

Tu as remarqué que j'ai insisté sur le fait que les événements qui se succédaient lorsqu'on utilise la forme ~てから doivent être des actions. C'est parce qu'il est très bizarre d'employer cette forme pour des événement indépendants de l'action du locuteur, particulièrement si le verbe de la deuxième action n'est pas exécuté par le locuteur.

Ex :
*帰ってから、雪が降り始めた。*Il s'est mis à neiger après que j'étais rentré.
*僕が帰ってから、妹が泣き出した。*Ma petite sœur s'est mise a pleurer après que j'étais rentré.

Pour ce genre d'occasion, on utilise あとで.

2) あとで

a) construction.

あと étant un substantif (後), on l'utilise comme d'habitude, à cette différence qu'on trouve une forme accomplie (~た) pour le qualifier. Ben oui : il faut bien que la première action soit accomplie avant que la deuxième ne se fasse.
Le で est souvent omis à l'oral.

b) emploi.

Contrairement à la forme en ~てから, la forme あとで permet justement l'expression d'une succession d'événements n'étant pas des actions du locuteur. Le temps exprimé par あとで n'est pas non plus restreint à un temps suivant directement l'évènement ; il peut s'agir de n'importe quelle partie du temps postérieure à l'événement.

Exemples :
- 僕が帰ったあと、妹が泣き出した。Ma petite sœur s'est mise a pleurer après que j'étais rentré.
- 雷が鳴った数秒のあとで、稲妻が空を切り裂いた。Des éclairs déchirèrent le ciel quelques secondes après que le tonnerre avait grondé.

3) 次第 (しだい)

a) construction.

Déjà, je te conseille de l'écrire en kanji. Ensuite, 次第 peut s'employer de différentes façons, mais le sens étant différent à chaque fois, tu feras bien attention quand tu verras un 次第 dans une phrase.
Le nôtre (enfin, les autres seront nôtres aussi dans quelques temps, donc disons "celui qu'on voit aujourd'hui"), il se reconnaît à 2 caractéristiques :
- il n'est suivi de rien d'autre que d'une virgule.
- il se greffe directement à la forme en -い des verbes ou à un substantif.

b) emploi.

次第 implique une condition de réalisation : il faut que l'action 1 ait lieu pour que l'action 2 ait lieu juste après. C'est l'équivalent de notre "dès que...", "aussitôt que...".

Exemples :
- 帰り次第、電話するよ。Je t'appelle dès que je suis rentré.
- 成功次第、連絡するのです。Contactez-moi dès que vous aurez réussi.

Attention : on n'emploie pas 次第 pour des constructions au passé. Pour ça, on a...

4) とたん (に)

Selon les cas, tu pourras le trouver en kanji (途端), c'est relativement courant.

a) construction.

D'abord, la première question que tu te poses, c'est évidemment : "Ho, Robert Patrick, t'as mis le に entre parenthèses, comment on sait quand il faut le mettre et quand il faut pas ?"

Ah punaise, ça y est, t'es rôdé, tu poses direct les bonnes questions. Mais d'abord, il faut que je t'explique dans quelles constructions on trouve 途端.

- après un verbe à la forme accomplie (~た).
- après その (mais PAS après この ou あの), puisque 途端 est un substantif.
- après une forme en ~たら.

Je sais que nous n'avons pas encore vu pour de vrai la forme en ~たら, mais comme elle est déjà apparue dans le chapitre sur ように, j'espère que tu as fait des recherches de ton côté.

Donc pour en revenir à ta question, la particule に est facultative avec les 2 premières formes et ne l'est pas avec la troisième.

Exemples :
- 家に帰った途端、電話が鳴った。 Au moment où je rentrais dans la maison, le téléphone a sonné.
- その途端、彼女が泣き出した。 Et juste à ce moment, elle s'est mise à pleurer.
- そのピーマンを噛んだら、途端に口がヒリヒリ痛くなった。J'avais à peine croqué le piment que j'avais la bouche en feu.

b) emploi.

J'imagine que tu as bien compris à quoi servait 途端, il y a cependant des conditions à son utilisation :
- l'événement qui arrive avec 途端 ne peut être une action volontaire lorsque le locuteur c'est toi. Lorsque tu effectues une action 1, l'événement qui survient avec 途端 doit te surprendre et non pas découler de ta première action.
- l'usage de 途端 avec une deuxième action volontaire est cependant toléré si le sujet est une 3è personne.
Oui, je sais, c'est pas juste, pourquoi elle est pas toi.

Ben réfléchis 2 secondes : justement parce que cette action de la 3è personne ne relève pas de TA volonté. Donc c'est assimilé à un événement qui te surprend. Convaincu ?

Exemple :
- *父を見た途端、逃げようと思った。*J'ai voulu m'enfuir au moment où j'ai vu mon père.
MAIS
- お父さんを見た途端、彼は逃げ出した。 A peine avait-il vu son père qu'il a déguerpi.

dimanche 3 mai 2009

Commentaires.

Bon, les manos, je vous la fais courte, mais vous inquiétez pas, il se pourrait que j'aie beaucoup plus de temps à consacrer à cette méthode dans les mois à venir...

Juste pour vous dire que lorsque vous postez des commentaires, faites attention de bien les poster dans l'article correspondant à votre demande et à étoffer un peu la question de façon à ce que je puisse repérer à la suite de quel article votre question a été posée.
En effet, la méthode commence à avoir un paquet de pages et je peux pas me retaper la lecture de chaque article pour trouver où vous avez posé votre question style "je ne comprends pas l'usage de la particule に dans ta phrase".

L'idéal serait une citation d'une partie de l'article (genre une phrase d'exemple), qui me permettrait de trouver immédiatement (= CTRL+F) de quoi vous me parlez.

On reprend les leçons cette semaine avec un tas de trucs super utiles...

mardi 14 avril 2009

Cloud et Tifa font des kanji...

Figure-toi que cette semaine est sorti Final Fantasy VII sur PS3. C'est-à-dire la version PS1, ouais ouais, le vieux jeu tout moche, pas le remake magnifique qu'ils sortiront dans 2 ans (toi-même tu sais).

Bon. Je me suis évidemment jeté dessus, et c'est donc la première fois que je fais le jeu en japonais (première fois en français, prêté par un pote, et puis mon exemplaire à moi, version US de l'époque où je faisais pas encore du japonais, et qui vaut maintenant une petite fortune...).

Premier constat : bordel de merde, mais c'est BLINDÉ de hiragana, on se croirait encore sur SNES !
Deuxième constat : Tiens, c'est marrant, les limites de Yuffie sont presque toutes des yojijukugo.

Nous allons donc profiter de la sortie de FF7 pour apprendre quelques yojijukugo (四字熟語).

1) construction.

Comme leur nom l'indique, les 四字熟語 sont des composés (熟語) de 4 caractères (四字).
Comme leur nom ne l'indique pas, il s'agit de composés souvent d'origine chinoise, donc on a droit à des formules qui sont des additions de 1+1+2 (genre 呉越同舟) ou 2+2 (genre 八方美人), ou encore le préféré de Sinclair : 1+1+1+1 (genre 喜怒哀楽), ou même encore plein de combinaisons.

Bref, ne crois pas que tu vas pouvoir les analyser comme tu le fais avec des composés purement japonais, d'autant que certains sont liés à une histoire dont ils sont généralement le résumé, donc autant dire que derrière chaque caractère se cache une explication d'une demi-page...

2) emploi.

Alors ou tu es Chinois et tu discutes avec des Chinois, auquel cas te prive pas, mets-en plein la conversation (parce qu'en chinois c'est normal), ou tu es pas Chinois et tu discutes avec des Japonais, et tu seras bien gentil de faire preuve de parcimonie, faute de quoi tu passeras pour un gros prétentieux qui veut se la péter.

Je n'ai rien contre le fait de se la péter, bien au contraire, mais il faut se la péter avec classe. Donc sortir l'expression qu'il faut au moment où il faut.

Bon.

Passons à l'analyse des limites de la p'tite mère Yuffie :

Limites de niveau 1

疾風迅雷 (しっぷうじんらい) : 疾風, je fais pas l'insulte de l'expliquer au Narutard que tu es (ne nie pas), sache juste qu'on le prononce aussi はやて, et que comme d'hab', la lecture kun d'un composé c'est toujours la classe.
迅雷, on va le décomposer :
- 迅, c'est aussi l'adjectif はやい (donc 迅い), comme les deux que tu connais déjà (早い, 速い).
- 雷, c'est la Foudre, au sens zeusséen (au Japon ?!) du terme. Techniquement, l'éclair c'est 稲妻 (いなずま), et 雷 (prononcé かみなり), c'est le tonnerre. MAIS si tu le prononces いかずち, ça devient la Foudre, genre les Dieux sont pas contents, tout ça.
Donc le sens du composé 迅雷 serait "rapide comme la foudre". Associé au vent violent, tu peux y voir une simple addition, mais on utilise plutôt le terme pour désigner quelque chose de violent qui arrive très rapidement (un peu l'équivalent de l'anglais "thunderstruck"). Genre une grosse série de coups de pieds dans la gueule.

明鏡止水 (めいきょうしすい) : 明鏡, aussi prononcé めいけい, c'est le miroir que rien ne trouble, ni les défauts de fabrication (je te rappelle qu'à l'époque où sont nées ces expressions, les miroirs étaient fabriqués artisanalement, alors le zéro défaut, c'était le nec plus ultra), ni les traces de doigts de ton copain qui vient de passer la main dans ses cheveux ou sur son nez. Le miroir ni-ckel.
止水, c'est l'eau que rien ne perturbe, pas le moindre souffle de vent, pas la moindre ride à la surface, rien.

Eh ben ton cœur il doit être comme ça, 明鏡止水. Pas en train de courir pour les soldes, pas penser à 2000 trucs que tu dois faire dans la journée, pas tripoter ton portable dans le métro parce que t'es incapable de rester 30 secondes sans t'occuper l'esprit.

明鏡止水, c'est la sérénité.

Limites de niveau 2

抜山蓋世 (ばつざんがいせい) : se dit de celui dont la force est capable d'arracher les montagnes (山を抜く) et dont la volonté pourrait recouvrir le monde (世界を蓋う). Ce 四字熟語 est tiré d'un poème chinois composé lors de la bataille de Gaixia (je te laisse draguer le net pour parfaire ta culture générale).

Limites de niveau 3

鎧袖一触 (がいしゅういっしょく) : se dit lorsqu'on se débarrasse facilement d'un adversaire.
鎧袖, c'est "une manche d'armure" et 一触 "un simple contact", l'idée est donc qu'un simple revers de manche suffit à se débarrasser d'un adversaire, soit pour insister sur la puissance d'une personne, soit pour insister sur la faiblesse de l'adversaire.

生者必滅 (しょうじゃひつめつ) : précepte bouddhique qui signifie que "tous les êtres vivants" (生者) finissent inéluctablement (必) par disparaître (滅).
En règle générale, 生 se prononce しょう (et pas せい) en lecture bouddhique, donc dès que tu vois un truc qui sent un peu le bouddhisme, tu sais comment le lire.

Limite de niveau 4

森羅万象 (しんらばんしょう) : très probablement choisi pour le jeu de mot sur しんら (écrit 神羅 dans le jeu lorsqu'il s'agit de la compagnie des "méchants"), ce composé signifie "toutes les choses" (万象) qui sont dans l'univers (森羅).

Bonus

Il y a une limite de Cloud qui est également un 四字熟語, il s'agit de 画龍点睛, qui se prononce がりょうてんせい, donc tu feras gaffe.
L'expression veut dire "ajouter les yeux au dragon", parce que lorsqu'on dessine un dragon en Asie, on dessine les yeux en dernier, il s'agit donc de la touche finale et c'est lorsqu'on ajoute la touche finale à quelque chose qu'on emploie cette expression.

Sur ce, je me barre au Japon, on se revoit début mai ! (et non, je serai pas dispo cette fois-ci, j'y vais pas en vacances).

mercredi 8 avril 2009

Robert Patrick répond aux questions que tu ne te poses pas (again).

Je me propose aujourd'hui de t'expliquer la différence entre "viser" (目指す) et "viser" (狙う).

目指す, c'est avoir un objectif, un but, un idéal. Je ne rentrerai pas dans une dichotomie "concret/abstrait", vu qu'un but peut très bien être concret, donc c'est pas la question. Mais disons que 目指す s'utilise avec des concepts : 目指す, c'est pour quelque chose à "atteindre", tandis que 狙う c'est pour quelque chose à "obtenir". Dans les deux cas, particule を.

Je te donne des exemples :

1) tu parles d'une éducation qui ferait que tous les enfants sortent de l'école en sachant lire, écrire et compter : 目指す. On est dans le concept. L'éducation, c'est pas un truc que tu peux rapporter chez toi et poser sur la cheminée.
2) tu parles de la victoire de ton équipe dans le prochain match : 狙う. T'auras ta médaille ou ta coupe à la main.
3) tu parles d'une procédure pour obtenir zéro accidents de voitures, ou zéro chômeurs, ou 100% de guérison dans tes hôpitaux : 目指す. Ce que tu vises, c'est un état (状態/状況), quelque chose de concret mais que tu peux pas prendre dans ta main pour le maintenir.
4) tu veux te taper la plus jolie fille de la classe, la seule qui a une dentition correcte : 狙う. Elle sera tienne, oh oui...

Pour faire plus "concret", disons que 目指す s'emploie quand on prend une photo et que t'es pas dessus (ceci est une métaphore, hein), alors qu'avec 狙う, t'es sur la photo.

samedi 4 avril 2009

Robert Patrick t'en met plein la gueule.

Bon, gars, je sais que t'es là pour apprendre la langue japonaise, mais là il est 1h42 du matin, alors je vais te faire part de mes réflexions sur les japonisants, de sorte que tu ne deviennes pas un des ces abrutis qui "adorent la culture japonaise".

Le japonais, c'est comme le reste : il y a la technique, et puis il y a ce qu'on en fait. Quel est l'intérêt d'être le meilleur coup du monde si on se tape que des moches ?

Donc la plupart des japonisants, ils sont à fond dans la langue japonaise, les kanji, le 1-kyû, et toutes ces choses qui n'ont rapport qu'avec la technique. Ils en oublient la réalité du Japon.
Mais ils crient quand même sur tous les toits qu'ils "adorent la culture japonaise".

Ça, c'est un truc que j'adore chez les japonisants, et plus ils sont balaises en japonais, plus tu peux les prendre en défaut.

Genre le mec qui a lu tout Sôseki mais qui ne sait pas qui est Doraemon, tu vois.

Parce que, à la base, la CULTURE, tu vois, c'est quelque chose qui se retrouve de façon assez homogène dans un peuple. T'auras remarqué qu'on parle pas de culture quand ça concerne une info que seulement 3 pékins se partagent.

Et laisse-moi te dire qu'il n'y a PAS UN SEUL Japonais qui ne connaît pas Doraemon, alors que, bien évidemment, ils ne sont qu'une minorité à s'être tapés du Sôseki pour de vrai.

Donc toi t'arrives au Japon, la tête pleine de kanji que t'es le seul à savoir lire, ton diplôme de japonais sous le bras, et comme une grosse tête de con, t'es persuadé que tu connais la culture japonaise parce que t'as lu plein d'auteurs japonais.

Mais tu connais pas le générique de Chibi Maruko-Chan. Ni Ultraman, ni Kamen Rider. Et tu connais rien à Gundam.
Alors que Gundam, si tu veux, c'est juste la religion officielle du Japon depuis 30 ans.
Donc ouais, t'es incollable sur le shintô et le bouddhisme, mais t'es pas à jour. Un peu comme si tu pensais que la capitale du Japon, c'est Edo, tu vois.

Donc quand tu vas en plus dire aux Japonais que t'adores leur culture, tu feras pas l'étonné s'ils te regardent avec des grands yeux, parce qu'ils seront en train de se demander de quelle culture tu veux parler.

Je vais te donner un exemple : récemment je joue à ce jeu extraordinaire qu'est Ôkami. En japonais, évidemment. Et ce jeu est blindé de références à la culture japonaise. Dans chaque nom de personnage, dans chaque scène, ça suinte la culture japonaise par tous les trous.

Et si tu connais pas la VRAIE culture japonaise, ben tu passes à côté de toute la subtilité du truc.

Par exemple, toi qui ADORES la culture japonaise, est-ce que tu pourrais me raconter les histoires de Kaguya Hime, Momotarô, Kintarô, Urashima Tarô ? Avec les noms de lieux, et les noms de persos ?
Ben les Japonais ils peuvent. Est-ce que tu imagines un Français qui connaîtrait pas les histoires du Petit Chaperon Rouge, du Petit Poucet, de Hansel et Gretel ou du Chat Botté ?
Ça fait partie de notre culture populaire, de notre folklore.

Eh ben pareil pour les Japonais, ils ont aussi des contes que tout le monde connaît, et si toi tu débarques sans les connaître ben tu vas juste passer pour une buse (comme le mec qui a rédigé la FAQ de Ôkami, par exemple, et qui trouve que la dernière scène impliquant Kaguya Hime est "utterly strange and borderline surreal", alors qu'en fait c'est complètement raccord avec le conte).

Donc moi, ça me fait toujours marrer ce dédain affiché de certains pour la culture populaire ou "sous-culture" ; les mecs ils ont la gueule dans leurs bouquins et ils sont complètement à côté de la plaque.

Parce que qui dit "référence culturelle", dit "tout le monde est au courant". Donc les contes dont je t'ai parlé plus haut sont bien évidemment utilisés dans la communication et la publicité au Japon.
Du Momotarô, t'en manges à chaque coin de rue.

La culture, la vraie, c'est important. C'est la base d'expressions populaires, de proverbes, etc.

Think about it.

lundi 30 mars 2009

Check à droite.

J'ai ajouté une section "liens", à droite, sous mon profil.
J'essaierai de m'en tenir à des sites en japonais, pour que tu comprennes la langue dans la langue.
Commme pour le reste, une suggestion de Robert Patrick équivaut à un ordre.

jeudi 26 mars 2009

Une biche.

Tiens, tant qu'on y est, je vais t'apprendre un préfixe sympa pour insister sur la qualité d'un substantif : .
Ouais, ça s'écrit généralement en katakana.

1) construction.

ド se place directement devant le substantif qu'il renforce.

2) emploi.

ド sert à renforcer l'idée exprimée par le substantif.

Exemples :

素人⇒ド素人 un débutant ⇒ un débutant complet
田舎⇒ド田舎 la campagne ⇒ le trou du cul du monde
アホ⇒ドアホ un imbécile ⇒ un parfait crétin

Et. C'est. Tout.

mardi 24 mars 2009

grâce à / à cause de.

Bon, pour faire oublier mes crises d'Alzheimer passagères (il est très fatigué en ce moment...), on va répondre en détail à une question du jeune Pavy qui nous dit :

"Dans la phrase 雨のため、大会中止になっちゃった。 Est-ce qu'on ne peut pas remplacer のため par のせい? Quelle est la nuance ?"

Ah, la bonne question !

ため exprime une cause objective. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on utilise la forme en ~てしまう, histoire que tu comprennes bien que ce jour-là on n'était pas content.

Donc aujourd'hui on va mettre de la subjectivité dans la cause : soit on est super dégoûté de la vie (せいで), soit on kiffe grave (お陰で).

1) せいで (所為で)

Bon, je t'ai mis les kanji au cas où, mais évidemment on utilise principalement la version en hiragana.

せい, c'est un substantif, donc comme d'habitude : の après un nom, directement après un verbe.
Et comme c'est un substantif, ben on peut pas non plus lui laisser le cul à l'air, si je puis dire, donc on va l'utiliser avec la particule で, ce qui ne devrait pas t'étonner plus que ça.

Donc せいで/のせいで, ça exprime une cause que tu déplores.

Exemples :

時間が足りなかったせいで、作文を書ききることが出来なかった。 Je n'ai pas pu finir ma rédaction, faute de temps.
のせいで、交通事故が倍に増えてきた。Les accidents de la route se sont multipliés à cause de la neige.
あんたのせいだよ! C'est de ta faute !

Bon.

2) お陰で

Là, c'est le contraire : ça s'écrit tout le temps en kanji.

お陰で s'emploie et se construit comme せい, cette fois pour exprimer qu'on est bien content de ce qui arrive (= grâce à).

Du coup, comparons la même phrase avec les 3 expressions de cause :

① ストライキのため、今日の授業はキャンセルされました。
ストライキのせいで、今日の授業はキャンセルされてしまいました。
ストライキのお陰で、今日の授業はキャンセルされました。

Dans la première phrase, on met l'accent sur la cause : pourquoi est-ce que le cours a été annulé ? A cause de la grève. Ce qui nous intéresse ici est de savoir la raison pour laquelle le cours a été annulé, on cherche à comprendre.

Dans la deuxième phrase, on exprime que si le cours a été malheureusement annulé, c'est la faute à la grève. On exprime qu'on souhaitait avoir ce cours et que son annulation ne nous plaît pas (par exemple si on venait de super loin, etc.).

Dans la troisième phrase, on se réjouit de cette grève providentielle qui nous dispense de ce cours bien chiant : grâce à la grève, on échappe au cours.

Maintenant tu es fin prêt à partager ton point de vue sur les événements.

jeudi 19 mars 2009

L'expression du but.

Nous y voilà.

On va faire simple et voir 2 façons d'exprimer le but :

1) ために.

a) construction.

ため, c'est un nom, donc comme d'habitude il prend の après un nom et se place directement après un verbe.

b) emploi.

Le truc, c'est que ため peut aussi exprimer la cause et non le but. Alors tu vas me dire : "Ah ben merde alors ! Comment on fait pour savoir si c'est un ため de cause ou un ため de but ?".

Ah, j'l'attendais c'te question !

Pour faire simple :
- si le verbe qui précède ため est à la forme accomplie, c'est la cause qui est exprimée.
- si le verbe
qui précède ため est à la forme non-accomplie, c'est le but qui est exprimé.
- si tu vois une particule に ou の après ため, y a de grande chances que ce soit l'expression du but.

Exemples :

電車が遅刻したため、開店に間に合わなかった。 Je n'ai pas pu arriver à l'ouverture du magasin, à cause du train qui était en retard.
初心者のための本。Un livre pour les débutants.
雨のため、大会中止になっちゃった。Le match a été arrêté à cause de la pluie.
勝つために来たんだ! Je suis venu pour gagner !
世のため、人のため、悪の野望を打ち砕くダイターン3! Daitarn 3 est dans la place pour sauver l'humanité des méchants ! (et si tu ne dois te souvenir que d'un seul exemple d'usage de ため pour exprimer le but, que ce soit celui-là).

2) ように

Eh ouais, gars, ように sert aussi à exprimer le but. Par exemple quand tu dis :
日本語が上手になるように、毎日勉強します。Je bosse tous les jours mon japonais pour devenir une brute.

Alors tu vas me dire : "Ah mais alors c'est quoi la différence entre ため et ように ?".

Ah, j'l'attendais, c'te question !

C'est TRES différent. Tellement différent que tu ne peux pas remplacer l'un par l'autre. Pas au niveau du sens (expression du but pour les deux), mais au niveau de la construction.

Check bien ces deux phrases :

日本語能力試験に受かるために、毎日勉強します。
et
日本語が上手になるように、毎日勉強します。

Tu as repéré la différence de construction ?

Dans la première phrase, c'est le même sujet qui effectue les actions des deux propositions, tandis que dans la deuxième on a deux sujets pour deux actions : c'est toi qui étudie, mais c'est le japonais qui devient bon.

On utilise donc ために quand l'action de la principale et l'action de la proposition de but sont effectuées par le même sujet, et ように quand elles sont effectuées par des sujets différents.

Un peu à la manière dont on utilise -ながら et 間に, tu as tout à fait raison de souligner l'analogie.

Donc tu feras gaffe quand tu emploies des adjectifs style 上手,下手 dont le sujet est l'action elle-même et non l'acteur, contrairement à ce que ça donne en traduction, aux verbes au passif et/ou au potentiel qui mettent l'objet en sujet, et autres "pour pas me faire voler mon portefeuille" qui devient 「財布を盗まれないように」, because c'est toi qui fait l'action de protéger ton portefeuille mais c'est évidemment pas toi qui va faire l'action de le voler, etc.

Pigé, gros ?

mercredi 11 mars 2009

T'es moins mauvais que tu croyais...

Ce matin, dans ma voiture, je repensais à ma capacité d'écriture de kanji qui a naturellement réduit comme peau de chagrin depuis que j'ai quitté la fac.

Je me disais "si on me demandait d'écrire des kanji, là, avec un crayon et un papier, combien je pourrais en sortir sans me tromper ?".

Au début, je me suis dit "une grosse centaine". Sans déconner.

Et puis j'ai réfléchi un peu : rien qu'avec les kanji de base, ceux que tu ne peux pas oublier, genre les "clefs", t'en as déjà 150 sous la main, tranquille.

Bon. Alors disons 200. Allez, soyons fous : 300, grand max.

Et puis en fait, je me suis dit qu'il suffisait de connaître 5 kanji par clef (je parle des clefs de base, celles qui sont également des kanji, genre 水, 火, 口, etc.) pour en connaître déjà 500.

Donc voici l'exercice que j'ai fait dans ma voiture et que je te propose pour réviser tes kanji pendant tes (longs) trajets dans les transports en commun :

Tu prends un élément (clef ou pas) et tu construis 5 kanji avec. Tu dois être capable de donner la lecture kun. Tu ne peux pas compter 2 fois le même kanji pour 2 éléments différents.
Par exemple 鳴, je te conseille de le garder pour 鳥, vu que tu trouveras sûrement plus de kanji avec 口 qu'avec 鳥, donc autant le mettre dans les 5 associés à 鳥.

Evidemment, si tu es étudiant en japonais, le but sera d'allonger la liste à chaque fois (6 kanji, puis 7, puis 10, puis 20 ou plus...).
Si tu es juste un vieux comme moi qui cherche à se rassurer sur ses capacité en kanji, je te conseille de prendre une clef et d'y associer les éléments les plus simples possibles, le but étant de pouvoir les écrire sans se tromper. Donc pour 言, par exemple, tu iras plutôt chercher du côté de 計 que de 警...

Tiens, j'en profite pour te filer un lien sympa.

mardi 3 mars 2009

ように (part.2) : la transmission indirecte. ~ておく.

Comme je te l'ai déjà dit, ように sert à un tas de trucs. Aujourd'hui on va voir la transmission indirecte d'un message.

Prenons 3 personnes :

A : Tarô
B : Jirô
C : Kago Ai.

Bon.

Demain Tarô a une petite soirée et il compte y faire venir Jirô et Ai. Comment va-t-il faire passer son message ?

a) Tarô demande à Jirô de venir parce que lui-même y sera :
俺は行くから、お前も来て下さい。 "J'y vais, donc viens aussi". Il s'agit là d'une transmission directe.

b) Tarô demande à Jirô de dire à Ai qu'il (Tarô) y sera :
俺は行くと伝えてください。"Dis-lui que j'y vais". Transmission indirecte de l'action de Tarô.

c) Tarô demande à Jirô de dire à Ai que lui aussi (Jirô) y sera :
お前も来ると伝えてください。
"Dis-lui que toi aussi tu y vas". Transmission indirecte de l'action de Jirô.

d) Tarô demande à Jirô de dire à Ai de venir (nous y voilà !) :
来るように伝えてください。 "Dis-lui de venir".
Transmission indirecte de l'action de Ai.

Comme tu le vois, il n'est aucunement besoin de préciser qui fait quoi avec cette structure : la forme en ように suffit pour comprendre que A demande à B de dire à C de faire quelque chose.

Autre exemple :

明日、送別会が
4時に始まるから、遅刻しないように言っといてくださいね。
"Demain, le pot de départ commence à 16h, alors dis-lui bien de ne pas être en retard".

On ne connaît ni A, ni B, ni C, mais on sait très bien qui fait quoi :

A demande à B (
言っといてくださいね。) de dire à C (ように) de ne pas arriver en retard (遅刻しない).

Tu te demandes sans doute ce qu'est cette forme
言っといて. Tu fais bien.

Il s'agit de la contraction de la forme
言っておいて, donc de la structure 言っておく.

Ajouter l'auxilliaire おく à la forme en -て, c'est apporter la nuance qu'une action est faite "par avance", "en prévision de".

Par exemple, tu veux décongeler ta viande avant de la cuisiner pour le dîner, donc tu la sors du congélo l'après-midi : 肉を冷凍庫から出しておく。(et comme ça tu viens d'apprendre que si le réfrigérateur se disait 冷蔵庫, le congélateur se dit 冷凍庫. Kiffe ta vie.)

Tu trouveras évidemment cette forme assez souvent dans les recettes de cuisine, où l'on te demande régulièrement de préparer un tas de trucs qui te serviront plus tard.

Dans le cadre de quelque chose que l'on dit (forme 言っておく, donc), cela tient bien sûr lieu d'avertissement : "je te préviens...".

La prochaine fois on verra la dernière (je crois...) fonction de ように : l'expression du but (fameuse leçon sur l'expression du but sur laquelle je luttai naguère...).

dimanche 22 février 2009

Allons chercher le vrai japonais où il se trouve...

Bon.

Pour les +de 18 ans parmi vous (les autres, vous devriez même pas être là !), je vous ai préparé une mini-conférence, du genre de celles qu'on vous offrira jamais dans vos universités.

Disponible pour l'instant uniquement en français, elle devrait être également dispo sous peu en anglais et en japonais.

Thème : "Comprendre la différence de niveau de langue entre un Japonais et un non-Japonais grâce aux jeux vidéos érotiques".

Tu peux garder ton pantalon quand même : j'ai réduit (la mort dans l'âme) les images à leur partie texte, puisqu'après tout c'est ce qui nous intéresse.

Mais promis, dès qu'une fac me propose de faire la conférence en live, je balance la version avec les vraies images.

Un grand merci à Ban-chan et Raton-laveur pour leur participation à la relecture et leurs précieux conseils.

lundi 9 février 2009

ような/ように (part.1)

Aujourd'hui, on va voir un élément très utile en japonais : よう.

Comme on l'a vu la dernière fois, よう (様) veut dire "apparence", il va donc être utilisé afin d'établir une comparaison ("qui a l'apparence de"). Je ne reviens pas sur la construction, qui est celle d'un substantif.

1) ような

ような s'emploie pour qualifier un substantif en le comparant.

ex : 藤原紀香のような彼女がほしい。"Je veux une nana comme Fujiwara Norika". On pense tout d'abord à l'apparence physique (usage de よう tout court). On peut évidemment préciser, par exemple : 藤原紀香のような優しい彼女がほしい。"Je veux une nana gentille comme Fujiwara Norika". Ici ce n'est plus l'apparence qui est mise en avant mais une autre caractéristique, le よう ne sert qu'à exprimer la comparaison.

ex : 似たような話を知っているよ。"Je connais une histoire du même genre". Le 似た renvoie ici à une histoire qui vient d'être racontée au locuteur.

2) ように

a) le ように qui s'utilise comme ような.

De même que ような s'utilise pour qualifier un substantif, ように s'utilise pour qualifier un verbe ou un adjectif.

ex :
先生が言うようにして下さい。 Faites comme le professeur vous dit.
教われたようにしたら、きっと出来るよ。Si tu fais comme on t'a appris, tu y arriveras très bien.
彼はフランス人なのに、日本人のようにダジャレが出来るよ。 Il a beau être Français, il sort des calembours comme un Japonais.

b) le ように d'injonction.

En fait, je sépare ce ように du précédent parce que c'est comme ça que le Dico-qu'il-te-faut le présente et que je veux pas que tu viennes pourrir mes commentaires après en me disant "oui, mais il est pas tout à fait pareil", mais grosso-merdo : c'est le même.
En fait, il a un sens d'analogie comme le précédent (et c'est pour ça que je dis que c'est le même), mais a plus un sens de "faire en sorte que". C'est le ように qu'on utilise dans les prières et les souhaits, mais ne va pas t'imaginer que ça veut dire qu'il est moins fort qu'un ordre ou quoi, hein. Ça constitue un souhait quand tu t'adresses à Dieu. Quand tu t'adresses à ton employé, c'est un ordre, simplement c'est un ordre détaillé.

ex :
神様、明日の試験に受かりますように......。 Petit Jésus (LOL), faites que je réussisse mon contrôle demain.
子供でさえ読めるように平仮名で書いてくださいね。Ecrivez-le en hiragana, de sorte que même les enfants puissent le lire.

Voilà pour cette première partie sur ように. C'est pas fini, on en a encore quelques-uns à voir, mais comme ils relèvent tous de ce même principe d'analogie, une fois que tu auras assimilé ceux d'aujourd'hui, tu devrais t'en sortir comme un chef.
...
...
"Comme un chef", t'as compris l'astuce ? ;-D

jeudi 29 janvier 2009

Actions simultanées, actions incluses.

Pour te faire patienter d'ici le prochain cours sur l'agression verbale en japonais, on va voir aujourd'hui un peu de japonais utile : les actions simultanées et les actions incluses, que l'on exprimera au moyen des locutions ~ながら et 間に. Bien entendu, ce ne sont pas les seules façons d'exprimer ces notions, mais ce sont les plus courantes. Et puis comme je suis un prof sympa, je t'en filerai d'autres en bonus.

1) ~ながら.

a) construction.

~ながら, comme l'indique la petite vague (~), ne s'utilise pas tout seul, et ne s'écrit plus en kanji (乍). Il peut servir à autre chose que l'expression d'actions simultanées (par exemple dans l'expression 我ながら), mais on va faire un effort pour s'en tenir au sujet du titre, OK ?

Bon.

Alors ~ながら, c'est très simple, ça se place directement après une forme en い de verbe.

Exemple : 話す⇒話しながら

b) emploi.

La forme en ~ながら est très simple à employer, MAIS tu dois faire attention à 2 détails :
- le sujet des 2 actions simultanées doit être le même.
- le verbe qui prend ~ながら indique une action secondaire par rapport à une action principale exprimée, elle, avec le verbe qui ne prend pas
~ながら.

Par exemple :

松本さんはテレビを見ながら食べます。 Mr. Matsumoto mange en regardant la télé.
MAIS tu ne peux pas dire
*松本さんがテレビを見ながら、浜田さんは食べます。Pendant que Mr. Matsumoto regarde la télé, Mr. Hamada mange.
Ça, tu ne peux pas le dire, parce que pour pouvoir utiliser ~ながら, il faut que le sujet des 2 actions soit le même.

Autre exemple :

お茶を飲みながら、夏休みの計画を話しましょうよ。Allons discuter de nos projets pour les vacances d'été en buvant un thé.
MAIS tu ne peux pas dire
*夏休みの計画を話しながら、お茶を飲みましょうよ。
Dans le premier cas, on comprend que l'action principale est la discussion et que l'action de boire du thé se fera en parallèle (= action secondaire), tandis que dans cette seconde version, tu bois du thé en continu et tu trouves le moyen de lâcher une bribe de phrase à propos des vacances une fois toutes les 4 respirations....

Pour construire une phrase avec ~ながら, il faut en fait que tu penses à ta phrases sans ~ながら.
Par exemple, "faire la cuisine tout en fumant une cigarette", c'est évidemment plus logique que "fumer une cigarette tout en faisant la cuisine". L'action de base c'est "faire la cuisine". Donc c'est l'action "fumer une cigarette" qui prendra la forme en ~ながら :
タバコを吸いながら、料理を作る。

2) 間に (あいだに).

Le 間に permet d'exprimer une action incluse dans une autre, c'est-à-dire que pendant qu'une action se déroule, une autre a lieu. Tu vas voir comme c'est utile.

a) construction.

Rien de plus simple, puisque cette expression se construit autour du substantif 間, on utilise の si c'est un substantif qui est placé avant, et rien du tout si c'est un verbe (principe de la subordonnée).

b) emploi.

Tu te souviens de notre phrase qu'on pouvait pas faire avec ~ながら quand on avait 2 sujets différents ? Eh ben ça se construit avec 間に :

松本さんがテレビを見ている間に、浜田さんは食べていました。Pendant que Mr. Matsumoto regardait la télé, Mr.Hamada mangeait.

お母さんが見ていない間に子供達はケーキを食べ始めました。Pendant que leur mère avait le dos tourné, les enfants ont entamé le gâteau.

Tu remarques que même si tout est au passé, la relative n'est pas au passé. C'est parce que la concordance des temps n'est pas obligatoire en japonais.

鬼がいない間に逃げましょう! Déguerpissons pendant que l'Ogre est absent !
Tu remarques que いない ne devient pas *いていない.

Voilà, tu sais tout !

3) 隙 (すき)

隙, c'est un mot que j'ai appris dans les premières minutes de FF9. Tandis que 間 veut dire "le moment", 隙 veut dire "le moment d'inadvertance". On peut donc traduire la proposition principale par "(...)en a profité pour(...)". C'est le すき que tu trouves dans les arts martiaux, quand le gars te met une grosse patate dans ta gueule en disant 「すきあり!」 (il dit "une ouverture !", pas "je t'aime !", LOL), ou quand le prof te dit que t'as une garde de merde qui te protège que dalle.

Tu vois donc qu'on pourrait transformer les phrases qu'on a utilisées plus haut et les rendre beaucoup plus pertinentes, que ça en suinterait la beaugosserie par tous les trous :

お母さんが見ていない間に、子供達はケーキを食べ始めました。⇒お母さんが見ていない隙に、子供達はケーキを食べ始めました。Profitant de ce que leur mère avait le dos tourné, les enfants ont entamé le gâteau.
Et
鬼がいない間に、逃げましょう!⇒鬼がいない隙に、逃げましょう!Profitons de l'absence de l'Ogre pour déguerpir !

Bon Dieu, j'adore cette langue !

4) 最中

Littéralement, 最中 signifie "en plein milieu", mais on n'ira pas vérifier si c'est bien le milieu du milieu, hein, disons que ça correspond à notre "en plein milieu (milieu temporel, bien sûr)" ou "en cours (de)". Du coup ça rentre dans notre cahier des charges des actions incluses.

a) construction.

最中 est un substantif. S'il est précédé d'un nom, on met の, comme d'habitude, mais s'il est précédé d'un verbe, c'est FORCÉMENT d'un verbe en forme -ている. Pigé ?
Il s'utilise avec la particule に.

Exemple :
音楽を聴いている最中に、邪魔されたくない。 Je n'ai pas envie d'être dérangé pendant que j'écoute de la musique.
試合の最中に、気絶してしまった。 Il s'est évanoui en plein match.

Et. C'est. Tout.

lundi 26 janvier 2009

Insulter en japonais (part.1)

Oui, je sais, tu te demandes si ce genre de cours a bien sa place dans une méthode de japonais.

Mes arguments sont :
- tu iras te plaindre chez Clarence qui m' a demandé comment on disait "sale enculé de ta race" en japonais.
- de toute façon, si tu t'intéresses un minimum au Japon, tu dois déjà connaître les insultes de base (disponibles dans tout shônen manga digne de ce nom et dans l'anime qui en découle, ou dans n'importe quel film de Kitano).
- est-ce que ce genre de cours ne représente pas justement la qualité de ma méthode, dans la mesure ou tu ne trouveras jamais ça dans un autre manuel ? (nous ne parlons pas ici des ouvrages spécialisés dans la langue argotique japonaise.)

A) やろう

1) construction.

L'insulte de base en japonais, c'est yarô, parfois écrit en kanji (野郎).

Les rapports japonais étant généralement très courtois, le simple usage de yarô est déjà très fort.
On l'entend néanmoins dans la bouche de certains entraîneurs sportifs (この野郎!), même vis-à-vis de gamins (8-12 ans), les entraîneurs sportifs ont ce style Robert Patrick. Comme quoi tu vois, c'est pas incompatible avec la pédagogie.

a) l'ajout d'un préfixe.

Là, c'est assez sympa, car le japonais est une langue très fleurie, donc tu peux te servir dans un répertoire déjà lexicalisé, ou bien composer ton yarô comme bon te semble.

Les classiques :
- バカヤロウ= foutu connard
- クソヤロウ= enculé, foutu merdeux
- ハゲヤロウ= foutu chauve (ça te paraît pas très fort, mais au Japon c'est un peu comme si ta meuf disait devant tout le monde que t'es un mauvais coup, c'est ta virilité qu'on attaque.)

Tu comprendras que je n'ajoute pas quelques suggestions personnelles...

b) l'ajout d'un suffixe.

Le suffixe que l'on ajoute après une insulte (ou même un substantif normal, mais qui ajoute alors un côté péjoratif), c'est め. Tu pourrais le traduire par "espèce de" dans le cadre du dialogue direct (=insulte), ou "putain de" dans le cadre du dialogue indirect (= réflexion à soi-même ou commentaire). Ces traductions ne sont que des indications, bien entendu.
Si on peut le trouver après バカ⇒バカメ, on le rencontre assez peu après yarô, je le donne donc juste pour que tu sois pas surpris.

B) たれ

1) construction.

Contrairement à yarô, tare ne peut s'utiliser tout seul (*このたれ!) et agit plutôt comme un suffixe.
Ça vient de 垂れる (je te laisse avec Rikaichan pour tous les verbes correspondants), et ça indique que quelque chose goutte ou pend.
Exemple :
ハナタレ小僧 = morveux ("gamin qui a le nez qui coule")
クソタレ= merdeux ("qui a la merde au cul". Tu reliras "La Guerre des Boutons")
etc.

Pareil, je te fais grâce de ma contribution à la langue japonaise...

Tu peux associer め bien plus facilement à たれ qu'à やろう, donc te prive pas.

3) emploi.

Mon conseil de Robert Patrick : ne les emploie pas. Surtout pas avec des gens que tu ne connais pas, genre on te bouscule dans le métro ou quoi.

Oui oui, je sais, maintenant que je te les ai appris, ça te brûle les lèvres, tu crèves d'envie d'aller insulter le premier Japonais qui va te répondre en anglais alors que t'as fait une phrase parfaite en keigo, très bien très bien....
Juste un petit rappel :
- Tu ne sais pas à qui tu t'adresses, le gars peut être un gangster local (ou le fils de) ou rompu aux arts martiaux et il va t'allonger (au mieux) ou te casser quelque chose (au pire).
Je me souviens d'une soirée où il y avait un Japonais un peu costaud, très sympa, gentil et tout. J'ai appris après son départ que le gars avait un gang au Japon. A Paris il était street dancer, mais il s'était fait emmerder par un gars et lui avait brisé les 2 genoux direct (boxe thai).
Je te rappelle que le Japon c'est le pays des mecs qui font du sport comme s'ils préparaient les jeux olympiques dès le collège (ouais, les meufs aussi, c'est pour ça qu'elles sont plates), donc même le salaryman de base peut avoir 15 ans de karate derrière lui (et au Japon, le karate de base, c'est du kyokushinkai, hein, plein ta gueule pour pas un rond).
- T'as pas forcément envie de finir au poste de police et d'être interdit de séjour pendant 10 ou 20 ans.

Par ailleurs, il y a un tas d'autres façons en japonais de pratiquer l'agression verbale sans recourir aux insultes directes. Par exemple avec du japonais argotique ou très familier, une phrase qui commencerait par こら!, les "r" roulés, l'intonation... Les insultes, ça devient limite caricatural.

Donc sois un gentil gaijin (oui, même toi, Clarence) et ne cherche pas à faire ton malin. Apprécie les insultes dans les manga et les anime, mais rappelle-toi que la vie n'est PAS un manga ou un anime.

Et puis le gars qui a 200 mots de vocabulaire en japonais dont 10% d'insultes, excuse-moi, hein, mais c'est pas la grande classe. Je veux bien combattre la médiocrité, mais faut que tu mettes un peu du tien aussi...
 
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